Avant l'été, en train de bien m'installer et de prendre mes marques dans ma nouvelle paroisse, je cherchais comment devenir une paroissienne active, comment prendre part à la vie de la communauté, où apporter mon aide... mais bon, j'avoue, je cherchais mentalement ;o) timide comme je suis, je n'osais pas aller vers les autres, et je restais sur mon banc...
Et puis lors de la messe de rentrée, l'animateur liturgique lance un appel : "ça fait deux ans que je suis le seul animateur ici, je commence à m'essouffler ! J'ai besoin de jeunesse, j'ai envie de redynamiser tout ça. Alors si vous êtes musiciens, si vous savez chanter, venez me voir !"
Et voilà, joli clin Dieu... je n'avais plus qu'à franchir le cap et oser m'approcher... le premier pas avait été fait pour moi !
On a donc eu une première rencontre... l'animateur est ouvert à tout, je vais pouvoir introduire des chants de l'Emmanuel qu'il apprendra à la chorale, je suis juste ravie ! Reste plus qu'à faire un choix parmi tous ceux que j'aime tant, et là, ça se complique...
ça c'était pour le clin Dieu... et la perplexité là-dedans ?
En discutant avec ce sympathique animateur, j'apprends que c'est un ancien prêtre, parti en mission en Afrique, revenu marié. Soit... moi ce qui me laisse perplexe, ce n'est pas qu'un prêtre abandonne la prêtrise, ça peut arriver de rencontrer l'amour auprès d'une femme... ce que j'ai plus de mal à comprendre, c'est qu'il s'est marié après avoir eu un enfant ? A l'époque, son évêque lui avait conseillé de laisser tomber la femme et de mettre l'enfant en adoption, puis de rentrer sagement en France... bizarre mais bon...
L'Eglise prône la chasteté avant le mariage et un prêtre, lui, va avoir un enfant hors des liens du mariage ? Je sais bien que c'est loin d'être le seul, qui lui au moins a eu le courage finalement d'épouser celle qu'il aime, qu'ils ont encore eu 3 autres enfants après, que certains prêtres ont des maîtresses et des enfants cachés, j'ai même connu un prêtre qui a rencontré une femme mariée, mère de 4 enfants, qui a divorcé pour lui...
Je dois dire que tout ça me questionne beaucoup... Pour moi, le célibat des prêtres est quelque chose de sensé, de mûrement raisonné et de raisonnable.
Celui qui a la vocation de prêtre doit pouvoir la remplir pleinement, il doit pouvoir consacrer tout son temps et sa vie au Seigneur et à ses obligations, répondre présent quand on l'appelle, aimer chacun de ses paroissiens et chacun de ses prochains, avoir le coeur et l'esprit entièrement dévoué et libre.
Celui qui a la vocation d'époux et père de famille doit avoir du temps et l'esprit libre pour s'occuper de ses enfants. Il doit pouvoir jouer avec eux le soir, avoir ses soirées libres pour sa femme.
Je ne vois pas très bien comment quelqu'un pourrait concilier ces deux vocations. Comment un homme pourrait-il être à la fois dévoué corps et âme à l'Eglise et à sa famille ? Comment pourrait-il physiquement, humainement remplir pleinement ses tâches, à la fois de prêtre et à la fois de père ?
Pourtant, cette question revient fréquemment dans les discussions... y compris dans la bouche de cet ancien prêtre, qui s'est senti rejeté par son église, "foutu à la porte" comme il m'a dit, qui aurait aimé pouvoir rester prêtre tout en se mariant.
Une fois de plus votre réflexion est trés intéressante. Cependant, je serai plus nuancée. D'abord, le célibat des prêtres n'a pas toujours été. Si je ne me trompe, il date des environs des années 1100... Je ne suis pas sure qu'un prêtre marié s'il vit pleinement sa foi et sa vie de paroisse n'en sera pas moins époux et père présent et aimant. Je fais partie d'une équipe de cheminement et de réfléxion oecuménique
RépondreSupprimeret nos réflexions et nos rencontres avec prêtres et pasteurs me laissent à penser que les pasteurs sont des vrais hommes d'église dynamiques présents et disponibles pour ses paroissiens comme pour sa famille dont il parle aisément , ce qui lui donne une humanité supplémentaire. Le mariage des prêtres est aussi peut-être la solution à la crise des vocations combien de fois j'ai pu partager avec des jeunes attirés par un sacerdoce mais qui ne peuvent envisager leur vie sans épouse et sans enfant.Ils deviennent donc des laics impliqués dans leur vie de paroisse. Dommage peut-être !!!!
C'est une vaste question, je ne sais qu'elle est la bonne réponse mais il doit y avoir une grande souffrance chez certaines personnes.
Bravo pour votre engagement d'Eglise. Pour ma part, je suis animatrice de la vie spirituelle et chrétienne auprés du groupe scout de ma paroisse, et j'organise mensuellement un temps de prière de Taizé aprés la messe du dimanche soir. un vrai moment de recueillement de ressourcement pour se poser et démarrer la semaine.
oui c'est particulier...
RépondreSupprimer"A l'époque, son évêque lui avait conseillé de laisser tomber la femme et de mettre l'enfant en adoption, puis de rentrer sagement en France... bizarre mais bon" --> ça, encore plus particulier, hallucinant....
il faut croire que beaucoup d'hommes ont un zizi à la place du cerveau, même certains prêtres...
c'est vrai que ce serait intéressant de comprendre comment il vit sa foi aujourd'uhi, et ses convictions au sujet de la chasteté des prêtres, ou de l'engagement disons, sexuel, avant le mariage...
ah et sinon nous on va faire des préparations au mariage cette année, je me suis inscrite tout à l'heure!
RépondreSupprimerAh le sujet qui fache !
RépondreSupprimerA chaque fois que je rentre en France, beaucoup de gens me disent que chez nous, le mariage des pretres existe donc pourquoi pas alors ?
Plus le temps passe, plus je pense que ce n'est pas la solution à la crise des vocations (qui ne touche pas que la pretrise mais aussi le mariage, non ?)
D'abord si l'Eglise a interdit le mariage des pretres, c'est en raison des problemes que cela posait (simonisme et nicolaisme) ensuite les exemples que je vois autour de moi ne sont pas toujours probants.
Un de nos meilleurs amis est un pretre maronite, marié, père de 3 enfants. Nous partageons leurs difficultés à vivre une double vocation. Il s'agit bien de 2 vocations et en l'occurrence, il y a toujours une de ces vocations qui souffre d'un manque. Ou les paroissiens se plaignent d'un pretre peu disponible, ou les enfants réclament un père souvent absent !
Je crois aussi qu'il faut se poser la question de l'épouse qui assume une double responsabilité : de mère (bien sur modèle) et d'épouse (re-bien sur modèle).
Cela vous tente comme vocation ? Combien de jeunes femmes pretes à s'engager sur ce chemin ?
Je n'ai pas de solution, je partage des impressions de mon vécu libanais.
Il reste que notre Eglise propose aussi le diaconat comme autre vocation !
Bravo pour votre engagement, je vous souhaite beaucoup de joies durant cette année paroissiale.
Hum. Effectivement, il y a de quoi laisser perplexe. Tellement que je n'ai pas répondu tout de suite... Comme tu as pu le voir chez moi également, l'Eglise, dans sa fermeté, est source de beaucoup d'incompréhension...
RépondreSupprimerPour moi, il n'y a qu'une réponse : accepter et prier. Prier pour comprendre et pour faire avancer son Eglise... D'ailleurs, chez moi, il y a un synode diocésain qui vient de commencer... C'est l'occasion ou jamais de rêver son Eglise du futur ! :)
Peut-être trois points d'éclairage :
RépondreSupprimer1. Il faut pouvoir nommer les choses, et juger les actes : nous avons une intelligence et une conscience, et elles sont faites pour cela. En revanche, nous ne pouvons pas juger les personnes, même pas nous-mêmes : Dieu seul peut le faire, et heureusement... nous sommes de bien mauvais juges de nous-mêmes, alors pour les autres...
En l'occurrence, il faut dire que le prêtre dont parle Marie-Anne a fauté à plusieurs titres : contre la promesse du célibat qu'il a faite librement au moment de son ordination diaconale (ou éventuellement sous-diaconale si elle a eu lieu), contre la chasteté puisqu'il s'est uni à une femme en-dehors des liens du mariage, et peut-être aussi contre le mariage de cette femme si elle était mariée (ce que l'histoire ne dit pas). A cela s'ajoute le scandale puisque sa situation n'a sans doute pas aidé beaucoup de monde à se rapprocher du Christ, et qu'elle pose question même ici, des années plus tard.
En disant cela, je ne juge pas du tout cet homme, mais je reconnais qu'il a mal agi. Je ne sais pas du tout dans quelles circonstances tout cela s'est passé, et cela ne me regarde pas : Dieu sait, son évêque en sait un peu, cela suffit.
N'oublions pas, tout de même, que l'engagement au célibat est choisi librement : nul n'est obligé de la faire. Même plus : si quelqu'un n'est pas libre (quelle que soit la contrainte : matérielle, familiale, personnelle...), il ne peut pas être ordonné prêtre. Pour être ordonné, il faut pouvoir être père de famille, c'est-à-dire avoir la maturité nécessaire pour se marier avec une femme et élever des enfants, et y renoncer librement en raison d'un amour préférentiel pour le Christ, en réponse à son appel. Celui qui ne peut renoncer au mariage n'est sans doute pas appelé au sacerdoce ministériel, ce qui ne l'empêche pas d'être un laïc engagé activement dans la vie de l'Eglise, au contraire !
2. Le célibat des prêtres a toujours été : relisez saint Paul, la première lettre aux Corinthiens, chapitre 7. Lui-même était célibataire et le conseillait volontiers, en en donnant la raison : on ne choisit pas le célibat par méfiance envers le mariage (dont il fait une louange appuyée : dénigrer le mariage n'est certainement pas chrétien !), mais par amour pour le Seigneur à qui on choisit librement de se donner entièrement. Ce qui n'a pas toujours été, en revanche, c'est l'OBLIGATION du célibat pour les prêtres, obligation qui n'existe pas en Orient pour les prêtres. En revanche, les évêques sont toujours célibataires, parce qu'ils sont les époux de leurs diocèses, et qu'on ne peut avoir plusieurs épouses.
De manière plus générale, c'est la raison essentielle du célibat ecclésiastique : le prêtre ne se marie pas, non pas parce que le mariage c'est mal, non pas parce que ça lui laisse plus de temps pour ses paroissiens (même si c'est sans doute vrai !), mais parce qu'il choisit le Christ par-dessus tout, y compris par-dessus l'amour d'une femme et d'enfants, et qu'il le choisit librement. Ce faisant, par l'ordination sacerdotale, en étant configuré au Christ Prêtre et unique Epoux de l'Eglise, il devient prêtre et époux de l'Eglise. C'est d'abord cela, le sens du célibat des prêtres, et ces raisons se trouvent... dans la Bible, qui ne date pas du XIIème siècle !
suite :
RépondreSupprimer3. Enfin, on a coutume de dire - avec ironie, voire cynisme - qu'aujourd'hui le mariage n'intéresse que deux catégories de personnes : les homosexuels et les prêtres. Regardez autour de vous : quel est le taux de couples mariés par rapport aux couples non mariés ? Nous sommes en pleine crise de vocations CHRETIENNES : l'une des conséquences de cette crise est le manque de prêtres, mais aussi de couples chrétiens mariés et vivant leur mariage de manière chrétienne. Nous sommes en crise des vocations à la sainteté avant tout !
Permettre à des hommes mariés d'être ordonnés prêtres ne résoudra rien du tout : les pasteurs sont mariés (les pasteurs ne sont d'ailleurs pas prêtres, alors que les prêtres sont souvent pasteurs : ne mélangeons pas deux choses qui sont par essence différentes !), et on en manque aussi ! Les prêtres orientaux, y compris catholiques, sont le plus souvent mariés, et on en manque aussi.
Non, la résolution de la "crise des vocations" passera par une nouvelle prise de conscience de la vocation à la sainteté, proposée à tous les baptisés (et comme le baptême est proposé à tous les hommes sans exception, la sainteté aussi, c'est-à-dire la vie avec Dieu, l'amitié avec Dieu, l'insertion dans le Corps de l'Eglise qui est le Corps du Christ, parmi les enfants adoptifs du Père par le Fils, dans l'Esprit Saint). C'est précisément le sens du synode diocésain que vit Tigreek : "un baptême à vivre !" (je me trompe, Tigreek ? ;) )
Redécouvrons notre baptême, redécouvrons notre vocation à la sainteté, faisons-la découvrir autour de nous, d'abord par notre vie tournée vers le Christ, et aussi par la parole quand il est bon de parler. Alors, nous aurons des prêtres, plein de prêtres, et nous aurons aussi des couples mariés, plein de couples mariés et heureux de vivre leur mariage comme une image de l'amour du Christ pour l'Eglise complémentaire de l'autre image du même amour : la vocation au célibat sacerdotal !
Amen :)
@Manou... il me semble difficile de comparer le rôle d'un prêtre et d'un pasteur... dans la religion protestante, la fonction de pasteur est considérée comme un métier comme les autres. J'ai eu un père d'élève qui était pasteur à 50%, n'habitait pas du tout près de sa paroisse. Il me semble qu'être prêtre implique d'autres devoirs et engagement.
RépondreSupprimer@Zélie... c'est un peu ce qui me fait peur... j'ai vraiment le sentiment qu'un prêtre marié et père de famille ne pourrait pas "assumer" entièrement ses deux vocations... soit ses enfants auraient l'impression d'avoir un père trop absent, soit ce serait les paroissiens . Merci pour ton témoignage !
@Vianney... merci pour ce long commentaire. Il est bien évident que je ne juge pas la personne, qui m'est au demeurant fort sympathiques, mais plutôt ses actes que je ne comprends pas de la part d'un prêtre. Surtout quand il me dit qu'il n'a jamais eu autant la foi que depuis qu'il est marié... forcément, je ne peux que me poser des questions sur sa vocation initiale !
Comment peut-on être un bon prêtre si l'on ne croit pas et que l'on ne respecte pas soi-même les valeurs prônées pas l'Eglise ?
Merci à tous en tout cas...
pour te répondre sur la prépa au mariage, on ferait ça avec d'autres couples, pour préparer les fiancés. Apparemment ce sont des séances collectives (j'aurais préféré individuel mais bon), j'ai une première réunion de préparation avec juste les couples préparateurs le 11 octobre, je te raconterai (si je peux y aller car alexis est à paris et il faut que je trouve un mode de garde pour baptiste, je pense emmener la louloute avec moi!)
RépondreSupprimerpersonnelement, je suis tout à fait d'accord avec toi.Un prete ne peut, à mes yeux, s'occuper de sa paroisse en mëme temps qu'une famille.....
RépondreSupprimerPour les prétes qui rompent leurs engagements j'assimilerais ça au marié qui trompe sa femme et qui pourtant a juré fidelité!
Very thouughtful blog
RépondreSupprimer